Produits vénéneux

Dans le précédent numéro de notre journal associatif distribué en juillet dernier, nous informions les habitants du village et les usagers des chemins bordant le Gardon, notamment le Chemin de découverte, et les mettions en garde contre les dangers sournois que représente la clôture de l’enclos aménagé par le comité des fêtes sur une parcelle mise à sa disposition par la municipalité. En effet, les matériaux de récupération qui constituent la majeure partie de la structure principale de cette enceinte : traverses de chemin de fer, poteaux EDF ou téléphoniques réformés, sont interdits à la réutilisation depuis le mois d’avril 2019 aux termes d’un arrêté de décembre 2018 en raison des risques sanitaires liés aux produits que contiennent ces bois.

A ce propos, un article rédigé par Jacky Bonnemains dans le numéro 1519 de Charlie Hebdo paru le 1er septembre 2021 revient sur cette pratique en des termes qui ne laissent plus place au doute quant à la toxicité de ces bois traités. Nous le reproduisons ici in extenso avec l’aimable autorisation de l’auteur et de la rédaction du journal.

Recyclage toxique.

Qu’est-ce-ce qui pue le goudron, qui a pollué une trentaine de sites industriels à travers la France, qui est utilisé depuis 1838, qui est aujourd’hui classé comme déchet dangereux et cancérogène et qui se retrouve en fin de vie dans les jardins privés et publics en tant que mobilier de pique-nique, dans les maisons en tant que linteaux de fenêtre et de cheminée, à l’extérieur en tant qu’éléments de terrasse ou de pourtour de piscine ?

Ce sont les traverses de chemin de fer créosotées qui sont retirées des réseaux après avoir subi pendant des décennies l’écrasement des trains de voyageurs et de marchandises, les déjections des passagers, les égouttures de cargaisons toxiques et l’arrosage par les trains désherbeurs qui, à grand renfort de pesticides, vouent à l’échec toute tentative de colonisation végétale des voies ferrées et des ballasts.

Après une trop longue période de laisser-aller, dont des paysagistes, des récupérateurs informels, des agriculteurs et même des maires et des sénateurs-maires ont profité pour réutiliser à peu de frais ces déchets toxiques dans le domaine public et privé, l’arrêté en date de décembre 2018 en a interdit toute mise à disposition d’un tiers même à titre gracieux.

Pourtant, sur Le Bon Coin, les offres de vente vénéneuses continuent à fleurir et les dons de traverses y sont qualifiés de « démarches solidaires ». Le Bon Coin et d’autres sites de vente via internet de traverses créosotées sont des empoisonneurs publics. 

(Jacky Bonnemains / Charlie Hebdo)

Et pourtant...

Malgré ces informations inquiétantes, la situation locale n’a pas évolué et depuis maintenant une année, les reliquats de ces produits toxiques s’infiltrent tranquillement et insidieusement dans le sol près du Gardon, alors que l’aide de 10000€ votée à l’unanimité au mois d’août 2020 par le conseil municipal pour contribuer à réaliser ces travaux est toujours disponible.

A l’inverse, au cœur du village, une fois alerté de ce risque, Monsieur le maire s’est empressé de faire disparaître les quelques vieilles traverses qui jalonnaient la zone proche de l’aire de jeux des enfants à côté de la mairie et ce ne sont ni les travaux de rénovation de l’accueil et du secrétariat de la mairie, ni une prétendue gêne pour tondre cet espace de verdure qui ont motivé sa décision.