Notre pays, qui a enregistré des pluies régulières (environ 503 Mds de m3/an) durant plusieurs siècles en bénéficiant d’un climat globalement tempéré, est en train de subir un assèchement dont les effets, prévisibles et annoncés, se font déjà ressentir. Après quasiment deux années de précipitations inférieures à la normale, les nappes phréatiques sont à un niveau très bas dans de nombreuses régions et personne n’ignore aujourd’hui que le pourtour du bassin méditerranéen va inexorablement s’assécher. Au moment où le constat est fait il est déjà trop tard.
Des catastrophes pas si naturelles.
L’évolution climatique planétaire est conditionnée par le volume de CO2 que les activités humaines ont irrémédiablement rejeté dans l’atmosphère.
Non seulement la ressource en eau diminue, mais le climat est en train de devenir plus chaotique, c’est-à-dire que certaines années seront déficitaires en pluie alors que d’autres subiront des catastrophes « naturelles » dues à des précipitations anarchiques.
Les impacts de ce dérèglement sur notre vie sont multiples et globaux. Ils affectent déjà les conditions de la vie humaine. La faune et la flore sont fortement impactées et leur densité diminue, les forêts subissent des conditions propices aux incendies, les zones humides si utiles à la biodiversité s’assèchent. Ces nouvelles conditions perturbent notre mode d’agriculture et met en danger la production alimentaire. Les sols, désormais arides, ne peuvent plus absorber les précipitations, ce qui provoque inondations et glissements de terrain. Tout proche de chez nous, certaines habitations se fissurent pour les mêmes raisons. Dans plusieurs régions françaises, la disponibilité de l’eau potable devient un enjeu majeur.
Du profit jusqu’à l’ultime goutte.
L’avenir du domaine énergétique est également remis en question. A l’heure où notre société renforce ses équipements en tout électrique, les niveaux des cours d’eau peinent à assurer le refroidissement des centrales nucléaires. Quant à la production d’énergie dite renouvelable, certaines installations existantes et d’autres au stade de projet, pourraient devenir inopérantes. Les arguments que nous avons avancés et publiés en son temps contre le projet de la microcentrale hydroélectrique de Saint Chaptes, prennent désormais une tout autre acuité, tant le Gardon n’en finit pas de ressembler à un oued !
Comme d’habitude, avec un soupçon de culpabilisation, nos dirigeants nous incitent à adopter un comportement « responsable » et préconisent des mesures d’économie d’eau que nous sommes déjà contraints d’appliquer pour contenir le montant de nos factures. En revanche, ces décideurs semblent ne pas considérer l’eau comme un bien commun et autorisent de grands groupes à piller les ressources en permettant à de grosses sociétés capitalistes de privatiser certaines nappes phréatiques, à une autre d’attendre 2025 pour contribuer localement à la régénération du cycle de l’eau et à 12 exploitations agro-industrielles de Sainte Soline de s’accaparer l’eau au détriment des petits agriculteurs de la région.
Nouvelle cause de migrations.
Ne nous inquiétons pas trop pour la jolie fontaine de notre quartier ou la piscine de notre résidence privée. A travers le monde, la réalité dépasse largement le stade de nos petites angoisses, puisque l’on estime que trois milliards de personnes, dans 48 pays, sont aujourd’hui confrontées à une pénurie d’eau et que des populations entières doivent fuir leur pays devenu climatiquement inhospitalier, mais vers quelle destination ?
Michèle Filipiak