Les dernières élections municipales de mars 2020 ont démontré qu’un tiers des votants auraient souhaité qu’une nouvelle équipe d’élus, porteurs d’idées novatrices dans l’intérêt de la totalité des habitants du village, soit installée. Malgré ce nouvel élan naissant, la majorité sortante et ses piliers conservateurs historiques ont gardé la main sur la gestion du village.
A l’approche de la quatrième année de ce nouveau mandat municipal d’une équipe où quelques dissensions apparaissent en raison d’un manque de concertation en son sein, quel est le bilan non exhaustif de l’action en faveur des habitants ?
Chasse aux gêneurs
Au lendemain des élections municipales, le maire a été prompt à faire payer à quelques-uns l’outrecuidance de lui avoir contesté l’accès à un nouveau mandat de premier magistrat du village. C’est ainsi qu’il a exigé chez l’un la coupe de quelques éléments de verdure, abaissement de haies et de quelques arbres, pour un autre, il a adressé un courrier de rappel à l’ordre en raison du bruit généré par les adolescents, chez un autre encore un avertissement formel pour non-respect minime d’une règle d’urbanisme, pour d’autres encore il a usé d’intimidation concernant le maintien dans leur logement social.
Actuellement, force est de constater qu’il met beaucoup moins d’entrain à maintenir un minimum de civisme dans le village pour le respect des règlements, et son pouvoir de police de la circulation s’exerce différemment selon les personnes. En effet, certains profitent de ce laxisme ciblé pour s’octroyer quelques privilèges au détriment de la vie collective en privatisant l’espace collectif de façon temporaire ou permanente. D’autres encore font une interprétation très personnelle du règlement de la zone artisanale concernant les habitations. D’autres enfin assiègent le parvis de la mairie pour tenir quotidiennement des soirées fumeuses, en toute impunité.
Oublié, l’engagement de concertation
Les habitants sont toujours en attente de la « commission consultative et participative, à l’intégration d’habitants à des commissions municipales, aux informations écrites régulières au moins trimestrielles » promises durant la campagne électorale, ainsi que de l’improbable « panneau d’information numérique », certainement en rupture de stock en raison du COVID. « Il est essentiel d’être attentif aux attentes…pour permettre à la commune de vivre sereinement », prônait le maire candidat dans son dépliant de campagne. Le premier éditorial qu’il a rédigé et publié quelques jours après sa réélection sur le site internet de la mairie dévoilait son véritable état d’esprit dénué de toute sérénité.
En matière de concertation avortée, nous pouvons rappeler la procédure préalable à l’installation de caméras de surveillance qui ne devait pas se réaliser avant la tenue promise par le maire d’une deuxième réunion publique. Celle-ci n’a jamais eu lieu mais les caméras sont bien là.
Des projets « béton »
Le projet de microcentrale hydroélectrique, soutenu par le conseil municipal de 2018 et pour lequel notre maire n’a pas trouvé d’autres arguments que celui, élémentaire et basique, de contribuer à produire de l’énergie renouvelable, semble avoir quelques ratés à l’allumage. S’il parvient à son terme, il devrait détruire la rive gauche du seuil sous le pont de Saint Chaptes avec l’implantation d’une verrue de plus de 5 mètres de haut et un chenal bétonné, pour un dérisoire avantage financier indirect lié aux taxes foncières. L’exemple voisin de la microcentrale intégrée sur le seuil de Sauzet, dont la société Elements a récemment cédé l’exploitation à Eiffage Energie, donne une vision réelle de l’impact négatif de cette énormité défigurant la nature. (Voir à ce sujet les numéros 4 et 5 sur Gardon Contacts.fr)
De plus, les experts promoteurs de ces projets ont fondé leur étude sur l’historique des débits du Gardon alors qu’il eût fallu réaliser une étude prospective prenant en considération les variations extrêmes de débit amplifiées par le dérèglement climatique, en particulier l’abaissement des débits d’étiage. Faute de viser l’intérêt général, ce gâchis doit bien profiter à quelques-uns…
Ensuite, après la destruction regrettable de la séculaire maison Mathieu, Saint Chaptes bétonne son parc immobilier avec l’énorme blockhaus, qualifié de « maison de santé », où la pharmacie occupera le rez-de-chaussée et dans lequel devraient s’installer cinq professionnels de santé, dont deux exercent déjà dans le village.
Réfection totale de la RD 18 dans la traversée du village
Le journal municipal du mois de janvier 2021 titrait pompeusement « Embellissement et sécurisation de la traversée du village », avec « création d’un trottoir aux normes PMR permettant de marcher en sécurité, conservation des arbres, aménagements qualitatifs par des plantations et espaces verts. » Qu’en est-il de ces belles promesses ? En l’état actuel des aménagements, Saint Chaptes n’est pas près de recevoir le label de village fleuri et accueillant.
Nos demandes écrites d’amélioration des trottoirs et accès pour les PMR (personnes à mobilité réduite), implantation de la signalisation et sécurisation de la « zone 20 » auprès du maire étant restées majoritairement vaines, nous avons sollicité le concours de l ’association des paralysés de France (APF). Trois de ses représentants se sont déplacés au mois de février 2022 pour établir un état des lieux. Les observations et préconisations qu’ils ont adressées au maire sont restées lettres mortes. Les personnes en situation de handicap apprécient. La « zone 20 » n’a jamais été aussi dangereuse pour les piétons et les cyclistes, les véhicules sont parfois contraints de rouler sur les trottoirs pour se croiser et évidemment réduire la vitesse reste une utopie quand on ne s’en donne pas les moyens. Quant aux dispositifs censés réduire la vitesse sur l’avenue de la République, ralentisseurs plateaux et coussins berlinois, ils cumulent les irrégularités.
Pour ce qui est des plantations et espaces verts prévus dans le cadre de ces travaux, ils ne sont pas encore sortis de terre, et l’invitation « à la végétalisation des espaces libres » inscrite sur le programme électoral n’est toujours pas honorée.
Abattages d’arbres en série.
Pour confirmer et aggraver cette tendance, plusieurs arbres anciens ont été abattus en divers points du village : Rue Adrien Levat, Rue de la république, Avenue René Pasquier, pour laisser place à de nouvelles constructions, diminuant ainsi les surfaces naturelles et boisées, déjà limitées et insuffisantes pour agrémenter et tempérer le village.
Que vont devenir les grands arbres et la belle oliveraie situés sur la parcelle, Rue du Stade, qui devrait prochainement laisser place à neuf villas ? Détruits également l’emblématique figuier verdoyant de la maison Floutier et l’ombre du tilleul devant le temple. Nous n’oublions pas que l’engagement de boiser la parcelle sur laquelle les silos sont implantés à la sortie du village n’a pas été suivi d’effets et en l’occurrence, le maire n’a pas les mêmes exigences avec son propriétaire qu’avec les citoyens évoqués plus haut.
Tactique du coucou
L’art de la copie est à l’œuvre : un dépliant de campagne électorale a été édité dix jours après celui réalisé par la liste concurrente et s’en inspirait fortement, le journal municipal « Bien vivre » ressurgi de ses cendres alors que le numéro Zéro de notre journal « Gardon Contacts » était distribué, et désormais une idée de proposition de pièces de théâtre, indépendantes de celles offertes par Nîmes Métropole, quand notre association en a organisé quatre au cours des deux années passées. Il aura donc fallu attendre la deuxième moitié de son quatrième mandat pour que la fibre culturelle de la majorité municipale se manifeste.
Conclusion
Avoir cédé aux chants des sirènes en faisant adhérer notre village de Gardonnenque à la communauté de l’agglomération de Nîmes a définitivement étouffé le Chant du Village de Saint Chaptes, objet de l’ouvrage historique de Marcelle Auguste publié en 1992. «….. Ainsi, le chant du village nous ramène avec bonheur dans un temps aujourd’hui révolu et nous rappelle notre devoir d’éviter que Saint Chaptes ne devienne à son tour une cité dortoir. »
Jean-Marie Amen pour l’Association Pour Saint Chaptes -Gardon Contacts