Installés au cœur de la ville de Nîmes depuis 2012, Julien Girgenti et
Olivier Held, qui exercent le métier de doreurs, ont migré il y a peut vers
un havre de paix verdoyant qui surplombe le Gardon à Russan. Ce lieu au
sein du hameau permet un accès facilité et dispose de pièces offrant des
surfaces suffisantes pour stocker certaines œuvres à restaurer particulièrement
volumineuses.
Olivier était auparavant professeur de français. Il consacre actuellement
la majeure partie de son temps aux travaux de nettoyage préalable à la
restauration et à la dorure de l’imposant retable de l’église de La Tour
D’aigues (84).
Julien est titulaire de plusieurs masters en lettres, droit, philosophie de
l’art et arts plastiques, et a enseigné les arts plastiques durant six
années. En quête d’accomplissement personnel, à l’aube de la trentaine,
il obtient le CAP de doreur à la feuille ornemaniste qui constitue le
sésame nécessaire à l’exercice de ce métier d’art.
Le terme de doreur est très restrictif.
Julien est prolixe dès qu’il aborde les multiples aspects de ce savoir-faire
séculaire qui nécessite la maîtrise de multiples opérations. En effet, 90%
de l’activité concernent la restauration d’objets anciens qu’il faut
analyser, dont il faut savoir dater la création, remplacer à l’identique
certaines parties détériorées ou manquantes car toute restauration doit
être réversible sans dommages.
Sa solide formation universitaire et celle prodiguée en cours d’emploi
par l’Institut National du Patrimoine lui assurent les connaissances
nécessaires aux étapes fondamentales de son métier. Le doreur doit
également posséder un excellent niveau en dessin et être particulièrement
méticuleux et précis.
La diversité des objets à traiter, l’étude de leur propre histoire, la
collaboration et l’interdépendance avec des métiers complémentaires,
(ébénistes par exemple), les différentes manipulations : apprêt,reparure, polychromie, colle et dorure, brunissage, patine et vernissage
rendent ce métier riche et passionnant.
A cela, s’ajoute la pratique spécifique de traitement des bois sans l’usage
de produits toxiques, donc sans effets délétères sur le support. Avec le
concours de Didier Yermia, restaurateur de meubles à Saint Chaptes, ils ont
aménagé une pièce dans laquelle ils traitent le bois selon le principe de
l’anoxie qui consiste à confiner l’objet à traiter dans une atmosphère sans
oxygène, à l’image de ce qui se pratique couramment dans les musées.
On apprend encore que la colle utilisée au cours de la restauration est
élaborée à partir de peaux de lapin, difficile à se procurer désormais car le
dernier fabricant français a cessé son activité en 2014… Enfin, on s’étonne
du nom singulier portés par les outils utilisés tels que le chien, le mouilleux,
l’épousseteux, l’appuyeux, etc…
Les brunissoirs en pierre d’agate de différents modèles sont utilisés pour le
polissage de la dorure.
Leur expertise est reconnue.
Le savoir-faire de nos deux doreurs est reconnu par la Direction Régionale
des Affaires Culturelles. C’est ainsi que les fauteuils du château de Castries,
le tabernacle de Notre Dame de Paris comptent parmi les nombreuses
œuvres qui sont confiées à leur expertise artistique.
Conclusion:
Julien se plaît à dire que la richesse du métier se cache derrière la parure
d’or.
C’est pourquoi la désignation qui convient le mieux pour ce métier dont
l’objectif est de faire en sorte que les objets d’art demeurent dans leur
intégrité afin que le patrimoine puisse être transmis aux générations
futures est restaurateurs et doreurs !
Jean-Marie AMEN