Les organisateurs du « Marché des sorcières de Saint Chaptes » se faisaient une joie de célébrer cette année le 20ème anniversaire de l’événement. Jeté par on ne sait qui, un mauvais sort a eu raison de cette fête annoncée. Transformons cette contrariété en opportunité en revenant sur le processus de création de ce qui est devenu au fil des années une date majeure dans les animations régionales.
Un projet de fin de stage. Au cours du dernier trimestre de l’année 1999, sept femmes côtoyant la réalité du monde agricole envisagent de créer leur propre activité en milieu rural. Elles suivent alors la formation « Femmes et création d’activités en zone rurale » dispensée par le CIVAM 30* (centre d’intérêt pour valoriser l’agriculture en milieu rural).
Sur la dynamique de leur stage, et de façon à prolonger leur plaisir de travailler ensemble, elles élaborent un projet collectif en phase avec leur apprentissage. Ce projet prend la forme d’un marché de producteurs avec animations qui s’affirme rapidement par sa singularité.
Les initiatrices du projet s’appuient alors sur l’expérience des deux fabricants de balais que comptait le village en 1999, parfaits exemples de transformateurs artisanaux de produits naturels.
Didier Dussère cultivait et transformait le sorgho tandis que Christophe Martin fabriquait des balais à partir de la grande bruyère.
Se souvenant par ailleurs que la dernière sorcière connue, Martiale Espaze, avait été condamnée à mort en 1491 à Boucoiran, il ne leur en faut pas plus pour baptiser leur association « Les sorcières de Saint Chaptes » et imaginer un « marché des sorcières » qu’elles assimilent spontanément au nouvel an celtique qui se tient le 1er novembre. Chez les Celtes, cette manifestation ouvre la saison sombre par une fête de transition, marquée par des rites druidiques, des beuveries et des banquets. Un ancien du village les rassure sur le choix de la date en affirmant avoir observé que le 1er novembre était épargné par la pluie depuis 11 années.
Une collaboration pluridisciplinaire exemplaire. C’est ainsi que le 1er novembre 2000 est ouvert le premier « Marché des Sorcières de Saint Chaptes », dans un parfait élan collectif des associations, commerçants et artisans du village, des nombreux bénévoles avec le soutien de la municipalité.
L’héritage laissé par Nicole, Heidi, Annette, Christine, Laurence, Joëlle et Cyrille accompagnées par Magalie et les trois Sophie au terme d’une très belle aventure humaine et associative, s’est développé en s’efforçant d’échapper à la marchandisation américanisée des festivités autour d’ Halloween.
C’est également dans cet état d’esprit que l’actuelle présidente Nadia Gillot s’évertue à perpétuer cette manifestation largement popularisée, qui accueille près de 10000 visiteurs chaque 1er novembre depuis l’an 2000 autour d’une centaine de producteurs, artisans et animateurs.
Jean-Marie AMEN
Merci à Cyrille Bouisse, première présidente de l’association « Les sorcières de st Chaptes » pour ses précieuses informations, et à C.Martin et D.Dussère pour leur contribution.