Les habitants de Saint Chaptes auront dû attendre le 12 mars 2021 pour que Monsieur le maire, également vice-président de l’Etablissement Public Territorial de Bassin Gardons (EPTB), réagissant d’urgence aux publications diffusées par deux associations locales, daigne enfin leur transmettre quelques informations partielles sur le projet qui a été présenté au conseil municipal de Saint Chaptes le 26 avril 2018 par la société « Elements ». Le dernier journal municipal accessible à tous les habitants entre le 8 et le 13 mars, constituait pourtant le support idéal pour que les promoteurs du projet donnent les informations nécessaires afin que chacun puisse se faire un avis éclairé sur le sujet. Alors qu’il le qualifie d’ « opportunité et un intérêt pour la commune » grâce à la «production d’énergie renouvelable sur son territoire», pourquoi le maire s’est-il privé pendant près de trois ans d’en vanter les avantages ?
Mais il ne dit pas tout !
Dans sa communication du 12 mars, il annonce que l’EPTB Gardons percevra le loyer de 2000 € lié aux servitudes concernant des parcelles qui restent la propriété de la commune. Il omet cependant de mentionner quelques menus détails précisés dans le compte-rendu de la séance du 27 juin 2019 du comité syndical de l’établissement public à laquelle il participait :
« Le seuil est également implanté sur les parcelles communales Y129 et Y230. Une promesse de servitude a été signée entre la commune et la société Eléments. Il est proposé de transférer cette servitude au syndicat pour que l’indemnité soit versée au profit de l’EPTB Gardons. Un loyer actualisable de 2 000 € est prévu dans ce bail ».
« Le bail (d’une durée de 50 ans) prévoit le versement (par la société Elements) d’une somme de 55 000 € aux propriétaires actuels au démarrage de la centrale hydroélectrique correspondant à son exploitation pendant 20 ans. A partir de la 21ième année jusqu’à la fin du bail, la société Eléments versera à l’EPTB Gardons un loyer correspondant à 4,5% hors taxe du chiffre d’affaires annuel de la centrale avec un minimum de 3 000 €/an. Un montant moyen de 5 000 € est attendu ».
Ainsi pendant un demi-siècle, la commune de Saint Chaptes et ses habitants, laissés sur la rive tout comme les espèces qui constituent la faune, risquent de se consoler avec le doux ronronnement de la turbine, et le spectacle désolant de deux zones d’enrochement bétonnées, une plate-forme de grutage artificialisant le lit de la rivière, une turbine avec sa roue de 5 mètres de diamètre et une saignée dans le bois jusqu’à lors classé et protégé, désormais déserté de toute vie sauvage.
Et le grand gagnant est…
Les administrés Saint Chaptois ont ici la démonstration que leur maire, à la double casquette, a soutenu au sein de l’EPTB les intérêts supérieurs de Nîmes Métropole au détriment de ceux du village qu’il est censé défendre. Il offre aux investisseurs une partie aussi infime soit-elle, d’une zone boisée protégée et classée, il leur permet de dégrader la biosphère et de gâcher définitivement la sérénité d’un lieu de promenade familiale qui aurait dû être mis en valeur par le chemin de découverte.
Quant à l’organisme public gestionnaire du gardon (EPTB), il pourrait réussir la bonne opération en déléguant à une société privée sa responsabilité d’entretien des seuils de Saint Chaptes et de Sauzet, accentuant ainsi la démarche de désengagement du service public tout en étant, en l’occurrence, rémunéré à ne rien faire.
Mais ne soyons pas résignés.
Nous pouvons accomplir notre devoir de citoyen et empêcher que notre commune soit encore plus dénaturée en signant la pétition (qui recueille 17500 signatures au 15 mars) à l’adresse ci-dessous :
et en alimentant le registre de l’enquête publique relative à ce projet qui sera accessible du 19 mars au 19 avril 2021 :
https://www.registre-numerique.fr/exploitation-centrale-hydro-saint-chaptes